Je suis né à Lyon, d’une famille de juristes et d’avocats, ainé de 3 enfants.
Aujourd’hui, je suis praticien hospitalier à temps plein dans le service de chirurgie cardiaque du CHU de Grenoble.

Précoce, je crois que dès l’âge de 15 ans, j’ai voulu être chirurgien.
Dans ma famille, mon professeur de statistiques médicales affirmait à mes parents « ton fils a la trempe d’un chirurgien ».

Je pense que cette phrase m’a marqué pendant ma jeunesse. A 18 ans et après mon baccalauréat, j’ai eu la chance de pouvoir faire mes premières armes de petit médecin, au service des urgences de l’Hôpital Edouard Herriot, avec l’aide du Professeur ARCADIO, ami de la famille.
Sutures de plaies, prélèvements sanguins, plâtres… j’étais passionné et chaque semaine j’avais mon « box » et je débutais ce que l’on appelle la petite chirurgie.

Mes études de médecine se sont faites à la faculté Lyon Sud avec une formation très générale.
J’ai préparé mon internat pendant deux ans et réussi le concours des hôpitaux de Lyon à la 9ème place.

La chance m’a permis de ne pas faire mon service militaire en raison d’un soutien familial (j’étais papa à 25 ans) pour débuter la chirurgie générale en année 0.

J’ai rencontré des chirurgiens brillants qui m’ont permis de beaucoup opérer dès mes premiers stages d’interne en chirurgie.
En milieu de 2ème année d’internat, j’avais déjà devant moi cinq semestres de chirurgie, et une équivalence en chirurgie générale.

A 27 ans, j’acceptais de nombreux remplacements dans les hôpitaux périphériques ou des cliniques en chirurgie générale.
J’ai fait ma thèse en début d’internat sur le cancer de la thyroïde pour être docteur en médecine et chirurgien généraliste.

Très vite, je compris que la chirurgie allait se spécialiser, je me suis donc orienté vers la chirurgie vasculaire et la chirurgie cardiaque. La fin de mon internat à Lyon s’est faite exclusivement en chirurgie cardiaque : MIKAELOFF, VILLARD, CHASSIGNOLE, les grands noms de la cardiochirurgie lyonnaise.

Je devais participer à l’ouverture de la chirurgie cardiaque à Saint-Etienne, sous la tutelle du Professeur BARRAL à qui j’avais demandé un poste de chef de clinique.

Après un stage à Bordeaux peu concluant, j’ai décidé en 1986 de partir à Paris pour faire la rencontre de deux chirurgiens merveilleux, et je renonçais ainsi à mon projet stéphanois :

Le Professeur Daniel GUIMET chef de service à l’Hôpital FOCH, est brutalement devenu à mes yeux un modèle : un chirurgien hors pair, tout dans ses mains paraissait simple et pendant un an, j’ai pu bénéficier de sa grande expérience de la chirurgie de l’aorte thoracique et de sa gentille attention.

Puis, j’ai eu la chance d’être nommé chef de clinique à l’hôpital Broussais chez le Professeur Alain CARPENTIER, patron de renommée mondiale.

A ses côtés, j’ai pu apprendre la rigueur chirurgicale, et j’ai longtemps redouté cette phrase « ARNAUD vous avez 2 mains et 1 tête sachez vous en servir » pas de cadeau, pas de concession.
Monsieur CARPENTIER guidait mes gestes pour tenter d’obtenir la perfection, me stressant bien sur lorsqu’il m’aidait à faire mes premières réparations mitrales… et je suis très fier d’avoir été un de ses élèves.
Je terminais ma formation et mon clinicat à l’Hôpital Marie Lannelongue avec mon ami Rémy NOTIN qui m’a transmit ses grandes connaissances (élève du Pr DUBOST) et d’opérer chaque jour pendant plus d’un an.

J’ai effectué parallèlement quelques voyages aux Etats-Unis pour me perfectionner dans la chirurgie de l’aorte thoracique qui était devenue ma grande passion : j’ai eu la chance de voir opérer de grands noms de la chirurgie : COOLEY, DEBAKEY, SAFI … et au Texas Heart Institute.

A 32 ans, fort de ces enseignements variés, et peut-être insouciant, j’ai décidé d’ouvrir un centre « privé » à Grenoble à la Clinique Belledonne.
Dés l’ouverture en 1989, l’autorisation d’exercer la chirurgie cardiaque était contestée par les tutelles.
La clinique ayant négligé de vérifier la durée de validité de son autorisation…

Pendant plus de 20 ans, notre service privé et le CHU se sont livrés une bataille juridique et médiatique, que je pourrais raconter longtemps, avec tant et tant de rebondissements…

Cette rivalité fut cependant bénéfique, Grenoble développant son activité, 400 actes de chirurgie cardiaque sous CEC à la clinique, 700 CEC au CHU.

J’ai exercé cette activité libérale seul pendant 7 ans, en recevant l’aide de jeunes chirurgiens de différentes parties du monde (Italie, Chine, Egypte…)

Notre activité grandissante, le service embauchait un second chirurgien puis un troisième pour se consolider à 4 associés.
Après avoir opéré un peu plus de 6 000 cœurs à la Clinique Belledonne, ma grande fierté a été de n’avoir aucun problème infectieux grave dénommé « médiastinite », traduisant la qualité chirurgicale des équipes et l’attention des soins pratiqués.

En 2011, la vie professionnelle pleine de rebondissement me faisait changer de cap contre mon gré ; je traversais le « Rubicon »
La clinique Belledonne pour laquelle j’avais travaillé 25 ans perdait 2 ans plus tard son agrément de chirurgie cardiaque.
Aujourd’hui dans le site unique de chirurgie cardiaque du CHU de GRENOBLE, j’ai un statut de chirurgien attaché qui me permet de participer au service public et aux urgences, et un statut de praticien libéral sous contrat, avec un cabinet de consultation dans le centre ville de GRENOBLE.

6 chirurgiens cardiaques se partagent l’activité et assument toutes les urgences provenant de plusieurs départements, le Pr BLIN devenu retraité a cédé sa place au Pr Olivier CHAVANON actuel chef de service.

En 2015, j’ai été sollicité par un collègue roumain, le Dr Victor Costache, à l’aider à ouvrir un centre de chirurgie cardiaque privé en Roumanie dans la jolie ville de SIBIU.
Tous les 2 mois je réussissais à me libérer 2 ou 3 jours pour assumer avec lui des interventions très complexes (aortes thoraciques ou interventions valvulaires ..)
Brillant chirurgien, Victor est devenu directeur médical, puis conseiller du ministre, professeur à la faculté et très récemment, nommé Ministre de la Santé à Bucarest en 2019.

En 2016, j’ai participé à des activités de chirurgie cardiaque à Oran en Algérie, certains week-end sur une période de plusieurs mois.

La vie étant faite de rebondissements, le texte est loin d’être terminé… et j’envisage de raconter « l’itinéraire d’un chirurgien gâté » dans un livre en cours de rédaction…

Ce petit texte paraitra à certains présomptueux : il n’est que l’histoire résumée d’une activité professionnelle au parcours guidé par la naïveté de la jeunesse, la passion du métier, les peurs de l’échec, l’espoir du dénouement et de la sérénité, le désespoir inéluctable, les luttes incessantes, la renonciation, l’ingratitude finale mais toujours l’amour des miens et de mon métier de chirurgien.